Il fut un temps où je me suis mise au tricot pour une raison très simple : garder mes mains occupées afin d’éviter de scroller indéfiniment sur mon téléphone. Un geste presque anodin, motivé par le besoin de ralentir. En creusant un peu le sujet, je me suis rendu compte que ce type d’activité manuelle cache en réalité des bénéfices bien plus profonds, notamment en matière de prévention du déclin cognitif.
Les activités manuelles, de véritables activités cognitives
Longtemps considérées comme de simples loisirs, les activités manuelles (tricot, couture, broderie, poterie, bricolage…) sont aujourd’hui reconnues comme de véritables formes d’activité cognitive structurée. Elles mobilisent simultanément plusieurs fonctions cérébrales :
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la mémoire (mémoriser des gestes, des motifs, des séquences),
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l’attention soutenue,
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la coordination motrice,
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la planification et la résolution de problèmes.
Cette stimulation combinée explique pourquoi ces activités intéressent de plus en plus les chercheurs en neurosciences et en gérontologie.
Moins de risque de déclin cognitif et de troubles légers (MCI)
Plusieurs études épidémiologiques montrent que la participation régulière à des loisirs cognitifs, incluant les activités manuelles, est associée à un risque réduit de trouble cognitif léger (Mild Cognitive Impairment – MCI), souvent considéré comme une étape intermédiaire avant certaines formes de démence.
Les personnes qui pratiquent ces activités présentent également un déclin cognitif plus lent avec l’âge, comparées à celles n’ayant pas de loisirs cognitifs réguliers.
Des performances cognitives préservées
Les recherches indiquent aussi de meilleures performances dans certaines fonctions cognitives clés, notamment :
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la mémoire de travail,
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la vitesse de traitement de l’information,
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l’attention et les fonctions exécutives.
Autrement dit, tricoter ou pratiquer une activité manuelle ne sert pas seulement à se détendre : cela entretient activement le cerveau.
Bien-être et perception positive des capacités mentales
Au-delà des mesures objectives, les tricoteurs réguliers rapportent une meilleure perception de leurs capacités cognitives ainsi qu’un bien-être psychologique accru. Le caractère répétitif et rythmé du tricot ou crochet favorise l’apaisement, la concentration et la réduction du stress, des facteurs eux-mêmes liés à une meilleure santé cérébrale à long terme.
Que retenir,
S’éloigner de l’écran pour revenir à des gestes simples et répétitifs n’est pas un retour en arrière. Bien au contraire. Les activités manuelles comme le tricot ou crochet constituent une stimulation cognitive douce, accessible et durable, associée à une meilleure santé mentale et à un risque réduit de déclin cognitif. Donc on file dans sa mercerie et c'est parti pour la créativité !
Sources scientifiques
Geda, Y. E. et al. (2011). Engaging in Cognitive Activities, Aging, and Mild Cognitive Impairment. Journal of Neuropsychiatry and Clinical Neurosciences.
Iwasa, H. et al. (2012). Leisure activities and cognitive function in elderly community-dwelling individuals.
Yates, L. A. et al. (2016). Cognitive leisure activities and future risk of dementia and cognitive impairment. International Psychogeriatrics.
Riley, J., Corkhill, B., & Morris, C. (2013). The benefits of knitting for personal and social wellbeing in adulthood. British Journal of Occupational Therapy.
- How knitting may be rewiring your brain, National Geographic (2025) — décrit comment les activités manuelles activent les systèmes cérébraux et soutiennent la santé cognitive.