La collection From the Perspective of the Angels, de Frances Featherstone, nous invite à un voyage singulier dans nos espaces les plus familiers : nos chambres, nos lits défaits, nos heures tranquilles. Sans chercher à « créer » un monde nouveau, l’artiste montre que l’innovation peut naître d’un simple changement de regard.
Le quotidien réinventé
Frances nous explique « Le travail d’un artiste consiste à aider les gens à voir les choses sous de nouvelles perspectives. […] J’ai finalement choisi le point de vue d’en haut, un angle que très peu d’entre nous prennent le temps de considérer. »
Photo credits : Frances Featherstone
Elle choisit de peindre des scènes que nous connaissons chacun : un lecteur allongé, la couverture qui ondule, le motif du carrelage, une tasse posée. Mais elle les présente vus d’un plan peu familier : une plongée verticale, presque abstraite. Cette posture transforme le banal en précieux.
Les draps froissés, les motifs textiles, les géométries du sol deviennent autant de surfaces d’attente, de silence, d’intimité. Dans ce jeu, l’ordinaire reprend de la densité.
L’innovation par le regard
L’innovation ne réside pas ici dans une révolution des thèmes : les intérieurs, les chambres, les moments de solitude sont déjà largement exploités en art. Ce qui change, c’est l’angle, la manière de voir.
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En situant la scène « d’en haut », Frances modifie automatiquement notre rapport à l’espace. Le lit n’est plus seulement un meuble, mais un territoire visuel.
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Le motif du carrelage ou du duvet ne sert plus uniquement de décor, mais devient surface d’exploration.
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Elle ne dramatise pas : elle ne fait pas d’héroïsation. Le geste (lire, se reposer, rêver) reste simple. Et c’est précisément ce presque-rien qui devient « quelque chose ».
Ainsi, l’artiste nous rappelle que l’innovation ne passe pas toujours par le "nouvel objet", mais souvent par la "nouvelle perspective".
Le simple magnifié
En observant ses œuvres, on comprend que ce qui semble « simple » est aussi ce qui touche. Une personne allongée, un livre ouvert, une couverture rayée : voilà l’équipement minimal d’un moment réel. Frances le traite avec la même attention qu’un grand sujet historique : lumière, composition, motifs.
Elle fait ressortir l’« extraordinaire du simple » :
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Le motif du lit ou du sol devient paysage.
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Le geste humain devient image de contemplation.
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L’espace familier devient refuge visuel.
Dans une époque où tout vise la spectaculaire, ces peintures nous ramènent à l’essentiel : à ce que nous sommes, à ce que nous faisons, à ce que nous avons sous les yeux, souvent pris pour acquis.
Photo credits : Frances Featherstone
Qu'en retenir ?
Frances Featherstone nous montre que la vraie nouveauté peut se trouver non pas dans « ce que nous inventons », mais dans « ce que nous choisissons de voir ». En redonnant à l’ordinaire sa place, en changeant la hauteur du regard, elle transforme un lit, une tasse, un sol carrelé, en scène visuelle et émotionnelle. L’innovation, dans ce travail, n’est pas un ajout mais une révélation.
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