Admettre ses erreurs renforce -t-il la confiance ?

A l'heure où certains dirigeants de grandes enseignes ont du mal à reconnaitre une erreur stratégique immense tout en s'enfonçant délibérément dans leur décision, on est en droit de se demander si admettre une erreur renforcerai la confiance ou sonnerait le glas du leader en question.

Dans son article "Be a Leader Who Can Admit Mistakes" publié dans Harvard Business Review en 2015, Jim Whitehurst, alors CEO de Red Hat, montre que l’une des qualités clés du leader moderne est la capacité à admettre ses erreurs. Cette transparence, loin d’être une faiblesse, est un levier pour renforcer la confiance et l’engagement des équipes. Whitehurst illustre son propos avec des exemples concrets vécus chez Red Hat, montrant comment reconnaître une erreur peut transformer une situation délicate en opportunité d’apprentissage collectif. 

Les points clés de l'étude de Jim Whitehurst

L’article se base sur l’expérience personnelle de Whitehurst et identifie plusieurs éléments importants :

  • Reconnaissance explicite : le leader admet l’erreur clairement, sans la minimiser ou la cacher.
  • Contexte et décision : il explique pourquoi la décision initiale a été prise et quelles hypothèses l’ont guidée.
  • Responsabilité : le leader prend la responsabilité de l’erreur et montre comment il compte corriger la situation.
  • Apprentissage partagé : il transforme l’erreur en leçon collective pour éviter qu’elle se reproduise.
  • Effet sur l’organisation : cette transparence crée un climat de confiance, encourage l’innovation et incite les collaborateurs à parler ouvertement de leurs propres erreurs.

Pourquoi admettre ses erreurs améliore le leadership

  • Crédibilité accrue : la transparence montre que le dirigeant est honnête et responsable.
  • Engagement renforcé : les collaborateurs se sentent plus à l'aise pour partager des idées et signaler des risques.
  • Culture d'apprentissage : les erreurs deviennent matière à amélioration continue
  • Prise de décision plus rapide : les équipes corrigent plus vite quand les erreurs sont détectées tôt.

Comment admettre une erreur — méthode en 5 étapes (pour dirigeants)

Étape 1 — Reconnaître clairement

Nommer l'erreur sans euphémisme : « J'ai fait une erreur sur... ». Evite le langage flou qui minimise (« on s'est trompé ») si tu en es responsable.

Étape 2 — Expliquer le pourquoi

Donne le contexte : quelles hypothèses t'ont amené à cette décision ? Quelles contraintes existaient ? Expliquer ne veut pas dire justifier, mais rend la décision compréhensible.

Étape 3 — Montrer les conséquences & les solutions

Décris l'impact observé et propose des actions correctives immédiates et à moyen terme — ou demande l'aide de l'équipe pour définir ces mesures.

Étape 4 — Partager l'apprentissage

Formalise la leçon tirée : qu'est-ce que l'organisation doit retenir pour éviter la répétition ?

Étape 5 — Mettre en place un suivi

Fixe un point de contrôle pour vérifier l'efficacité des correctifs et montrer que tu assumes la responsabilité jusqu'au bout.

Qu'en penser ?

Admettre ses erreurs est bien plus qu’un simple acte de transparence : c’est un levier stratégique pour renforcer la confiance, l’engagement et la culture d’apprentissage, surtout dans les PME et TPE où chaque décision impacte directement l’organisation. En suivant les 5 étapes de Whitehurst, un dirigeant peut transformer une erreur individuelle en bénéfice collectif, améliorer les processus et encourager l’innovation au sein de son équipe.

Il est cependant important de rappeler qu'une erreur digérée est plus facile à expliquer. Prendre le temps de faire ces 5 étapes peut aider à verbaliser et tirer les enseignements nécessaires à une communication maitrisée plus qu'émotionnelle. 

Ressources & références
  • Jim Whitehurst, "Be a Leader Who Can Admit Mistakes", Harvard Business Review, 2 juin 2015.
  • Articles et blogs sur le leadership transparent et la culture d'apprentissage (exemples sur Red Hat et open source).

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