Marine, infirmière, et son mari Édouard ont 3 enfants : Jeanne 6,5 ans, Arsène, 4,5 ans et Lison 6 mois. C’est surtout de cette dernière merveille dont Marine est venue nous parler, et de son arrivée sur terre pour le moins étonnante.
Peux-tu nous raconter comment se sont passées tes deux premières grossesses ?
J’ai eu deux grossesses plutôt normales, mais je dois avouer que je n’ai pas adoré être enceinte. Accepter son corps qui change n’est pas toujours facile !
J’ai accouché à l’hôpital, là où j'avais également été suivie. Tout s’est très bien passé mais j’ai trouvé, et cela ne regarde que moi bien entendu, l’atmosphère de l'hôpital assez difficile, en ayant le sentiment d’être juste un numéro.
Alors pour ma 3ème grossesse j’ai eu envie d’autre chose... Après avoir lu et entendu beaucoup d’informations sur les accouchements naturels et physiologiques ces dernières années, j’ai pensé que cette approche me correspondrait mieux.
J’avais envie d’aimer cette grossesse, de me sentir bien dans mon corps, dans ma tête, et de vivre quelque chose de moins médicalisé.
Comment s’est déroulée ta préparation à la naissance en vue de cet accouchement physiologique ?
J’ai rencontré deux sages-femmes extraordinaires, Anne et Camille, qui proposaient de me suivre dans le cadre d’un accouchement physiologique.
L’idée plus précisément, était d’accoucher en plateau technique : on est suivi par une sage femme pendant toute la grossesse et le jour de l’accouchement, cette dernière accompagne la maman à l’hôpital et l’aide à mettre au monde son bébé, en bénéficiant des infrastructures du lieu. Les médecins et le personnel de l'hôpital n’interviennent qu’en cas de problème.
J’ai eu de longs rendez-vous avec Anne ou Camille, qui se sont rendues très disponibles, répondant à toutes mes questions, mes angoisses...
C’était à chaque fois une vraie bouffée d’oxygène, qui me faisait me sentir tellement mieux que lors de mes précédentes grossesses.
Un accompagnement humain, un peu d’hypnose, de sophrologie...les cours de préparation à la naissance furent un pur moment de bonheur, pour Edouard comme pour moi d’ailleurs. Car il a lui aussi adoré ces moments d’échanges, et s’est senti investi d’un rôle encore plus important que pour les précédentes grossesses.
Quelques semaines avant mon terme, j’ai ressenti le besoin de préciser aux sages-femmes que si par hasard il fallait que j'accouche en urgence à la maison pour une raison ou pour une autre, j’étais préparée. Mon mari nettement moins ! Évidemment que je préférais m’en tenir au scénario initial: réaliser le travail préparatoire à la maison puis partir accoucher avec elles dans la salle nature de l'hôpital...
Mais les événements ne se passent pas toujours comme on le croit...
En effet ! Le 27 mars, nous partons dîner chez des amis, ceux supposés garder Jeanne et Arsène le Jour J. Cela aurait dû nous mettre la puce à l’oreille…!
En chemin, les contractions s’intensifient. Nous commençons à les compter et comprenons que l’heure est venue…
Sans trop de stress (nous sommes habitués aux accouchements longue durée !) nous rentrons à la maison et appelons ma sage femme qui préconise de prendre un bain et de la tenir au courant. Les contractions devenaient régulières et fortes mais en aucun cas je ne les appréhendais, j’étais sereine et les acceptais.
Malgré cela, Edouard préféra appeler Anne, la sage-femme, pour qu’elle vienne nous rejoindre et m’accompagner avec sérénité jusqu’à l’hôpital.
Encore dans mon bain, une rapide auscultation nous apprend que je suis déjà dilatée à 9...Anne nous confirme qu’il est temps de partir à l'hôpital !
Mais change de discours quelques minutes plus tard lorsque je tente de sortir de la baignoire et qu’elle constate que je ne peux même plus tenir debout, le travail à commencé.
Branle bas de combat ! Le bébé arrive ! À peine Edouard revient d'être allé chercher des serviettes que l’on voit apparaître la tête alors que je suis toujours dans la salle de bain.
Trois poussées plus tard, Anne lui propose de l’aider à recueillir Lison. Elle est là, merveilleuse, et je pars m’installer avec elle dans la chambre d’amis, le cordon ombilical encore relié histoire de prolonger cet incroyable moment...
Que retiens-tu de cet accouchement (la joie de voir Lison tous les jours depuis 6 mois mis à part) ?
Nous étions sur un nuage, heureux et fiers de la manière dont tout cela s’était déroulé.
S’est ensuite posée la question du départ à l'hôpital, vivement recommandé par les sages-femmes. Et je fus moi-même rassurée d’y rester quelques jours avec Lison.
Nous avons eu besoin Edouard et moi, de revenir sur ce moment que nous avions vécu différemment. Il avait beau me voir sereine, et avoir aussi confiance en moi qu’en notre sage-femme, l’appréhension a parfois pris le dessus. Il a d’ailleurs eu besoin d’écrire son propre récit, de raconter la manière dont lui avait vécu cette soirée.
Personnellement, j’ai réussi à entrer dans une connexion telle avec mon corps, que je ne ressentais presque plus la douleur et avait réussi à atteindre un état de plénitude.
Tout ce que Anne et Camille m’avaient enseigné sur la physiologie de l’accouchement, les différentes phases par lesquelles j’allais passer, m’ont permis de vivre l’accouchement dont je rêvais secrètement.